Si vis pacem, para bellum
Mars 2013. 02h00 du matin, alors que je rentrais d’une soirée, la musique créole dans les oreilles à fond dans ma petite voiture , je pensais machinalement qu’il était dommage que cette soirée s’achève ainsi , j’étais partie éreintée et oppressée de chez mon meilleur ami , une mouche m’avait piquée, il fallait que je rentre vite très vite, le besoin de me sentir au sein de mon domicile m’obsédait .
Depuis quelques années , j’ai de plus en plus de mal à rester au milieu de groupe surtout quand les rapports sociaux sont tronqués, j’estimais à juste titre que le cocktail donné chez mon meilleur ami, n’avait ni queue ni tête, les personnes présentes m’exaspéraient, elles buvaient sans mesure, parlaient fort, se souriaient en écran d’hypocrisie, certaines de ses personnes voulaient prouver aux yeux de tous que c’étaient des personnes brillantes, créatrices et bienfaisantes. Mais pour moi ces mêmes personnes étaient des piques assiettes sans scrupules et intérressées. Mon meilleur ami est un être brillant bénévole à ses heures, créatif, entrepreneur et mécène. Je replongeais naturellement dans mes souvenirs et en venais à conclure que nous grandissons tous, nous vieillissons tous et que l’adaptabilité est une épreuve pour moi jour après jour. La nostalgie de notre adolescence et de notre vie de jeunes adultes m’envahissait. Je n’arrivais pas à me faire aux nouvelles fréquentations de mon meilleur ami. A moitié déçue, à moitié soulagée, j’arrivais sur ma commune, située dans une banlieue mitigée du sud de l’Ile de France .
Approchant de mon domicile, j’apercevais sur la route dans la pénombre éclairée par les lampadaires vétustes , un véhicule bloquant mon passage sur la route menant à mon parking. Cette route était étroite et un terre plein central y trônait en son centre.
Ce terre plein avait surement été conçu pour définir les priorités aux véhicules qui venaient et allaient. Sur ce terre plein de chaque coté il y’avait la place d’y garer trois véhicules en file indienne.
Je ralentissais , le véhicule était manifestement à l’arrêt, tous feux éteints. J’apercevais sur ma gauche de l’autre coté du terre plein , trois personnes, un homme et deux femmes qui gesticulaient et se disputaient à l’évidence, je n’eu pas le temps d’observer la scène, un crissement de pneu me fit lever les yeux sur mon rétroviseur intérieur. Je clignais des yeux, un véhicule se positionnait derrière le mien et deux hommes excités en descendaient. Je fus prise d’un moment de panique mon véhicule était coincé , je ne pouvais plus me dégager. Malgré ma peur grandissante , je me mis à descendre de ma voiture et me dirigeait vers le groupe, je comprenais vite qu’une femme était à l’origine de cette violente altercation, l’un des hommes le premier sur la scène lui reprochant de l’avoir trompé avec un des hommes qui venaient de positionner leurs véhicules derrière le mien. J’ai toujours été téméraire, je ne sais pas si le danger m’attire ou si je ne peux y échapper , manifestement je tentais de calmer la situation , je connaissais très bien l’homme trahit, ayant grandit dans cette ville peut-être que mon intervention de médiatrice ponctuelle atténuerait les tensions ? Dans le même temps , les hommes s’étaient volatilisés, ils avaient regagné leurs véhicules et étaient partis sur les chapeaux de roues , je pouvais donc reculer et me mettre à l’abri. Les deux femmes continuaient à s’expliquer avec le premier individu , je décidais donc de rentrer ma voiture dans mon parking en empruntant la deuxième route du terre plein central à contre-sens de la circulation. Dans cette rue d’une citée jardin imaginée par un célèbre architecte, les parkings étaient en contrebas des immeubles qui eux donnaient sur la route , nous apercevions de la route les parkings car les concepteurs des lotissements avaient apposé des panneaux en bois treillés, ou y grimpaient inlassablement rosiers, trémières et lierres.
Il avait donc fallut que j’effectue une boucle en tête d’épingle pour rejoindre mon stationnement, et je revenais donc à l’arrière de la scène de dispute . A peine stationnée , je m’empressais de vouloir rejoindre mon domicile, je devais repasser en parcourant quelques marches devant ces individus. A ce moment précis , j’eu la nette sensation que j’étais prise au piège d’une scène gravissime et dont je ne pouvais m’échapper ni aux yeux de la lois ni à mes propres principes et que la culpabilité me rongerait si je n’intervenais pas.
Les deux hommes étaient revenus , l’un des deux, le plus jeune avait un fusil à canon scié , l’autre une bombe aérosol de défense , le troisième sorti un couteau papillon . Sans réfléchir j’attrapais le bras de la fille qui hurlait le plus et la tirait dans le parking , elle se tordit la cheville et je lui répétait instinctivement de fermer sa bouche.
Je l’allongeais dans mon véhicule lui demandant de ne pas en bouger. Je remontais sur le lieu de la discorde, la peur au ventre mais en me répétant que si je ne faisais rien je partirais en prison pour non assistance à personne en danger. Chez nous nous n’appelons pas la police, ça ne se passe pas comme ça , ou on s’expose à des représailles . La deuxième fille hurlait et pleurait elle répétaient frénétiquement qu’elle était maman et qu’elle ne voulait pas mourir , je contournais les hommes et la tirait dans l’autre direction , elle répétait qu’elle allait se faire dessus et me demandait de conduire sa voiture , j’avançais donc sa voiture les hommes étaient très agités , un coup de feu partit. J’arrêtais le véhicule et nous restions abasourdies dans la voiture , un deuxième coup de feu retenti le canon du fusil face à l’immeuble, je compris immédiatement que l’arme était une véritable arme mais que les munitions n’étaient qu’à blanc . Je décidais de sortir et la fille me hurla dessus , « qu’est ce que tu fais !!! » Je vociférais dans la rue à l’homme au fusil que ce n’était que du cinéma et que son fusil était chargé à blanc .Il s’arrêta immédiatement et me demanda pour qui je me prenais , je lui expliquais calmement en gardant mes distances que je connaissais bien les armes à feu et notamment l’armement. Je lui démontrais par A +B que ses munitions étaient à blanc, qu’il détenait un fusil à canon scié de calibre 12 millimètres, que le recul n’était pas intense et qu’aucun impact n’avait été se loger dans le mur alors que le canon du fusil était dirigé vers la façade de l’immeuble .Piqué au vif , ce dernier se vu rejoindre par son frère, le troisième individu lui s’était échappé .J’avais peur mais je continuais de tenir tête à ces garçons , un peu plus jeunes que moi pour le premier, le second ayant mon âge , nous n’avions pas 30 ans .
La jeune femme que j’avais caché dans mon véhicule était revenue sur les lieux et s’était greffée à notre médiation improvisée. Je compris qu’elle venait d’emménager et qu’elle m’emmerderait pour les années à venir, je l’avais caché par folie ou empathie, mais cette personne était perverse.Chaque protagoniste était rentré chez lui à la suite d’une très longue discussion y compris moi la peur au ventre. Les représailles pouvaient pleuvoir.
Les mois passaient , aucune riposte et aucune représaille, de mon coté du moins .Les jeunes continuaient inlassablement à s’affronter. Un jour le protagoniste en fusil vint me parler en me remerciant d’avoir protégé sa dulcinée . Je me pris d’une leugohrrée et le mit en garde sur ses fréquentations , je l’avertis que je le voyais très mal finir et se faire tirer dessus. Il se mit à rire nerveusement et me reprocha d’en rajouter pour lui faire prendre un autre chemin .
Tout le monde connaissait mes capacités dans cette ville et beaucoup en avaient peur .Ce dernier de confession musulmane me rappelait sans cesse à la religion en me sermonnant sur les dangers de la voyance et l’enfer qui m’attendait.En me narguant d’être en vie à chaque fois qu’il me voyait, sa femme étant jalouse, nos rapport s’étiolaient, il était mon voisin nos salutations étaient cordiales mais il prenait toujours le temps de prendre de mes nouvelles, je le mettais en garde à chaque fois que je le pouvais. Au fil des ans , je me persuadais que j’avais du avoir un espèce de fantasme intérieur . ( malsain je vous l’accorde).
Au mois de novembre 2017 alors que je mangeais avec une connaissance commune , cette dernière me demandait si j’avait des nouvelles de ce garçon , ayant déménagé depuis un an , je lui répondit agacée et avec une pointe d’humour qu’il était peut être mort en Syrie. La soirée tourna en fiasco évidemment , ma franchise est parfois blessante , je n’eu pas de nouvelle de cette connaissance avant le 7 décembre 2017 .
Ce matin la je me réveillais les larmes aux yeux, mal dans ma peau depuis trois jours , textotant dès mon réveil à mon mari que le monde était triste et les gens méchants , la journée passa , mais je me sentais toujours mal et décomposée. A 19 heures je reçu un appel de cette connaissance qui me demanda si j’avais des nouvelles de ce garçon ,je mis un temps à répondre ne voulant pas la heurter et prise de dépit , je lui répondit non quoi encore ??
Elle m’annonça qu’il avait été retrouvé mort le matin même sur une commune du 94 avec trois impacts de balles . Le choc passé je me sentais mieux vraiment mieux soulagée, pourtant la nouvelle était terrible… Les vrais extrasensibles ont des réactions très paradoxales. Son meurtre m’a hanté pendant des jours , encore aujourd’hui , je n’ai rien pu faire , j’ai même pensé que je fantasmais . Il est parti depuis trois mois déjà, et j’avais le besoin de coucher ces épisodes horribles de ma vie indétournables et appartenant à la fatalité .
Ce garçon m’a toujours fait peur , mais je l’appréciais quand même , et je suis triste qu’il soit partit ainsi .
Je ne comprendrais jamais comment j’arrive à me détourner de mes sensations tout en étant persuadée de leur réalité à venir , la raison sans aucuns doutes. Ces deux événements m’ont bouleversée , le premier car je me suis sentie prise au piège et que j’aurais du rester sur Paris chez mon meilleur ami, le second , parce que jamais je n’aurais pensé connaitre quelqu’un qui allait se faire assassiner pour des motifs aussi troubles que lâches . NB ( les auteurs de ce meurtre sont étrangers aux disputes évoquées dans cet article.)
Quand bien même cet homme était un vrai voyou et n’avait peur de rien , j’ai été avisé de son meurtre des années avant , le vérifiant même dans mes tirages, ils me permettent de rationaliser mes ressentis .
Je suis persuadée qu’il est partit avec de bien lourds secrets et de biens sombres dossiers .
Mais moi je suis là et je ne comprends toujours pas , comment j’ai pu en être persuadée de ces faits la , comment j’ai du me raisonner en me persuadant de ma propre folie à force d’années ,car l’événement n’arrivait pas , et comment ,j’ai pu ressentir à l’instant T la tristesse et le désespoir ce matin la très tôt alors qu’il agonisait probablement et que j’en avais pas de nouvelles depuis au moins deux ans.
A toi qui est parti si jeune… Où que tu sois… Toi qui a tant fais la guerre, puisses tu avoir trouvé la paix .